Pour la nuit

La nuit, la pêche dans les écluses nécessite un feu ( éclairage) non pas pour attirer le poisson, mais simplement pour le voir et pour éclairer le déplacement du pêcheur

En 1727, Le Masson du Parc note que les pêcheurs rétais

se garnissent de torches ou bouchons et brandons de paille ou de bois sec qu’ils tiennent de la main gauche et de le main droite dardent avec la fouëne les poissons qu’ils aperçoivent.

Au 19e siècle, un fanal avec une bougie remplace les brandons de paille. Une vitre protège la flamme et une bougie de réserve permet de pallier une éventuelle défaillance.

Vers 1907-1910, le fanal à carbure, utilisant du carbure de calcium, remplace la bougie. Plus performant, il s’impose rapidement et est encore utilisé par quelques pêcheurs rétais.

Fanal à carbure
Fanal à carbure
Crédits : Elsa Bugot

Aujourd’hui une grosse lampe à pile portée de la main gauche ou une lampe frontale est utilisée plus fréquemment .
L’utilisation de feux, la nuit sur les rochers, à toujours posé des problèmes à l’administration maritime. Pendant les périodes de guerre, notamment de 1940 à 1945, la pêche nocturne est interdite. Mais même en temps de paix, on se pose, à certaines époques, la question de savoir si ces feux présentent un risque pour les navigateurs .Notamment ,dit-on à la suite du naufrage du « Petit Herny », en février 1829, qui affirmait avoir pris le feu d’un pêcheur d’écluse pour un phare !

Malgré l’habitude de la mer, la pêche de nuit présentait autrefois un risque plus grand, faute de montre et d’annuaire précis pour déterminer l’heure de la marée. De jour, il nous semble que de tout temps, il était facile de repérer l’heure du bas-d’eau. Tout le monde sait qu’il avance de trois quarts d’heure environ, chaque jour. Même sans montre on pouvait faire une estimation correcte. De nuit la chose est plus délicate. D’après la lune on peut cependant essayer de déterminer l’heure de la marée basse. Quelques personnes s’en souviennent encore. Dans notre région le bas-d’eau est obtenu lorsque la lune est dans le sud/sud-est. Il suffit donc de prendre des repères pour avoir une bonne précision, mais plus la marée avance dans la nuit, plus cela devient difficile.

En outre, les marées de 2 ou 3 heures du matin sont fatigantes car on ne peut veiller et la nuit est perdue… mais si la pêche était bonne on oubliait la fatigue. Comment nos ancêtres se réveillaient-ils ? Par habitude, peut-être. Néanmoins, en l’an IX, le maire de Sainte-Marie demande au sous-préfet que l’horloge soit réparée car

surtout pour les marées de nuit, « elle est de la nécessité la plus indispensable » .

Texte établi à partir du n°9 des Cahiers de la mémoire : « la pêche dans une écluse » par Jacques Boucard.